regards indiscrets... [R]

Samedi après-midi, 17h00. le soleil était encore haut dans le ciel et inondait le paysage de ses rayons brûlants. A une table, à l’intérieur, au frais, trois jeunes gens qui discutaient en riant. Enzo connaissait Andrew depuis son arrivée à l’école Botticelli et malgré le caractère un peu solitaire de ce dernier il avait réussi à l’apprivoiser en quelque sorte et ils étaient devenus les meilleurs amis du monde.

L’années dernière, une nouvelle venue, Lauren, avait changer la donne mais pas les rapports entre les deux artistes. Etant son collègue, Enzo avait appris à la connaître au boulot. Quand elle avait débarqué à la pizzeria il l’avait pris sous son aile et l’avait aidée à se faire à cet environnement tout nouveau pour elle. Se prenant d’affection pour le petit bout de femme qu’elle était c’est tout naturellement qu’il s’était arrangé pour que sa route croise celle d’Andrew…

Et il avait eu raison, ils semblaient tout deux faits l’un pour l’autre…

Au départ Andrew s’était contenter de donner quelques cours de rattrapage à la jeune femme mais il s’était vite tissé un lien beaucoup plus fort entre eux. Et maintenant quand Enzo les voyaient ensembles il ne pouvait s’empêcher de se dire qu’ils s’étaient bien trouvés…

« Non non non… » fit-il avant de se mettre à rire.

« Lo tu exagères comme toujours… » Il se tourna vers Andrew

« Ca ne s’est pas réellement passé comme ça… »

Il y avait eu un petit incident au restaurant pendant le service de midi et Lauren n’avait pu résisté à l’idée de raconter la mésaventure d’Enzo à son petit ami. Voilà bien 5 minutes qu’ils riaient comme des bossus, suivis de près par Enzo. Mais ce dernier tenait tout de même à rétablir la vérité. Il en allait de son honneur…

« En fait… » Mais il ne poursuivit pas sa phrase car visiblement personne ne l’écoutait…

« Non Enzo c’est toi qui exagère ! Ca c’est passé tout à fait comme ça ! »

Lauren était assise à côté d’Andrew, sa petite main frêle dans celle de son ange gardien, Enzo l’ami le plus proche d’Andrew, mais aussi le collègue du Cipolla de Lauren leur faisait face et essayait de se trouver des circonstances atténuantes du mieux qu’il pouvait depuis bien 5 minutes.

Le midi même le grand Enzo, roi de la pizza avait fait une énorme bourde, peut être même la bourde de sa carrière ! Heureusement que le patron n’était pas rancunier, en tout cas, les fous-rires avaient été de mise pendant bien 30 minutes.

Comme à son habitude, Enzo avait mis de la farine partout, le comptoir n’était plus gris mais blanc et le sol était lui aussi tapissé de farine. Ce n’est même pas la peine de dire dans quel état se trouvait Enzo… Bref, Monsieur était en train de faire des siennes alors que Lauren amener des assiettes à la plonge, tournoyant sur lui même tout en faisant tourner la pâte dans ses mains, en quelques sortes, il faisait le pitre ! Sauf qu’à ce moment là le patron du Cipolla est rentré en cuisine, et il fallu bien entendu que ce soit à ce même moment qu’Enzo glissa à cause de la farine par terre et que la pâte qu’il avait dans les mains s’envole pour atterrir sur le visage du patron.

« Ne l’écoute pas Andy, il va essayer de te raconter n’importe quoi, Enzo s’est cassé la figure en faisant le pitre et la pâte a atterri sur le visage du patron ! »

Lauren repartit à rire une nouvelle fois. Quand la scène s’était passée sous ses yeux, elle avait été plus choquée qu’autre chose, de multiples questions et inquiétudes passant dans sa tête : S’est il fait mal ? Va t’il se faire virer ? Comment la patron va réagir ?
Mais en fait, l’ambiance avait plutôt était bon enfant, et à présent Lauren en riait sans pouvoir s’arrêter, son verre de limonade n’avait pas bougé depuis que le serveur le lui avait apporté.

Voilà bien 5minutes qu'Andrew n'arrivait plus à émettre une seule parole tellement il riait. Cette crise de fou rire n'allait pas s'arrêter de si tôt, Enzo essayait tant bien que mal de se justifier, de clarifier la situation. Mais rien n'y fesait, les deux jeunes tourtereaux étaient trop occupés à rire qu'à écouter les paroles d'Enzo qui serait sans doute moins drôles. Voilà maintenant plus de 3ans, qu'Andrew et Enzo se connaissaient et étaient devenus de grands amis. Grâce à lui, il avait put rencontrer celle qui fesait battre son coeur, la seule pour qui maintenant il décrocherait la lune: Lauren. Sa main dans celle de sa petite amie, il tourna la tête vers elle lorsqu'elle parla et il reprit de plus belle dans son fou rire. Il avait vu beaucoup de situations avec Enzo mais celle-là était assez majestueuse.

Il reprit un peu son sérieux, après avoir rigoler pendant bien 10minutes, puis il regarda à nouveau Enzo en face de lui, un sourire aux lèvres qu'il n'arrivait pas à défaire de son visage.

« Et alors le patron, il l'a prit comment ? » Demanda-t-il en se remettant à rire mais en essayant de garder son sérieux.

Il lâcha la main de Lauren pour glisser son bras derrière ses épaules et poser son dos contre le siège, il tourna la tête vers elle en souriant puis vers Enzo.

« Et n'essaye pas de m'avoir, Lauren me dira la vraie version de toute façon ! » Fit-il en taquinant son ami.

Il se tourna vers Lauren et lui lança un regard complice. Puis il se pencha vers elle et l'embrassa sur le côté du front. Voilà maintenant plusieurs mois qu'ils étaient ensemble, et leur complicité n'avait pas diminué. Au contraire chaque jour passé ensemble était un jour de plus qui renforçait leur relation. Elle le surprenait de jour en jour et son amour pour elle était toujours comme au premier jour, si ce n'est même plus.

Andrew se tourna vers Enzo, attendant qu'il lui dise la réaction de son patron, il n'était sans doute pas viré, sinon ils ne seraient pas en train de rigoler tous ensemble. Lauren avait quand même un certain tact.
Il était quand même un peu déçu de ne pas avoir été là quand il avait fait cette bourde, lui qui passait son temps à la pizzeria où travaillait ses deux amis, il venait plus pour voir sa belle biensur, mais il aimait voir comme Enzo se débrouillait bien... jusqu'à aujourd'hui.

Le soleil brillait déjà haut dans le ciel et Zéphora se frayait difficilement un passage à travers les nombreux touristes à casquette blanche et autres romains qui semblaient s’être donnés rendez vous en cette caniculaire après midi de septembre sur les rives de l’Il Tevere. Comme toujours à Rome, le mois de Septembre était magnifique et promettait un long été indien, ce qui ravissait la jeune femme : les couleurs de cette saison étaient en effet uniques et, pendant cette période, Zara aimait tout particulièrement photographier le coucher de soleil sur Rome depuis la Strada Tramonto. Mais pour le moment, ce qui pressait notre jeune amie n’était pas un coucher de soleil mais un rendez vous…Oh là là je vous vois venir ! Non, non, ce n’est pas avec un garçon que Zara avait rendez vous, mais avec l’ange de la Piazza Aria qu’elle avait décidé de photographier ce jour là.

Mais la jeune femme se retrouva bientôt bloquée : la rue était entravée par la dispute d’un couple et les badauds s’étaient agglutinés autour d’eux pour observer la scène, empêchant ainsi tout accès au pont qui conduisait à la Piazza Aria. Zéphora sentit l'impatience grandir en elle : elle détestait que les choses n’aillent pas comme elle le voulait, surtout lorsqu'il s'agissait de photo. Déterminée, elle décida de faire un détour et s’enfonça dans des petites rues inconnues aux touristes. Elle passait devant la terrasse du café Mirino lorsqu’un un éclat de rire cristallin, suivi d’un rire plus grave, attirèrent son attention. Il lui semblait les reconnaître. Elle tourna la tête et vit deux étudiants de son école se gondoler de rire à l’intérieur du café non loin de la porte d'entrée restée ouverte. Ses yeux se posèrent alors sur le grand garçon aux cheveux de jais et au sourire franc qui les accompagnait, et le visage de la jeune femme s’éclaira lui aussi d’un sourire. Enzo Maccio. Elle avait photographié le jeune homme à son insu quelques jours plus tôt, lors de son arrivée, alors qu’il était en compagnie de Beth Langdon. C’était cette dernière que Zéphora voulait prendre, car elle pensait que la grande photogénie de la jeune femme lui permettrait, à terme, de réaliser enfin la photo parfaite. Mais dans la chambre noire, c’était Enzo qui s’était révélé aux yeux de la photographe. Il était incroyablement photogénique, bien plus que son amie Beth, et si la photo n’était pas réussie au goût de Zara, elle comptait pourtant bien poursuivre son petit jeu et photographier le jeune homme autant que possible. Et en cet après-midi de septembre, l’occasion était trop belle : Enzo semblait, avec ses amis, particulièrement heureux.

L’ange attendrait.

Elle entra dans le café et s’assit non loin du groupe d’étudiants. A demie cachée par une grande plante à larges feuilles vertes, elle sortit son appareil photo de sa sacoche, choisit un objectif, fit quelques réglages et pointa son appareil vers les trois jeunes gens. Avec l’excitation des chercheurs d’or qui se sentent tout près du trésor, elle commença à prendre quelques photos du jeune homme.

« A quelques petits détails près… »

Enzo regardait ses deux amis qui n’avaient pas fini de se gondoler et qui peinaient même a aligner plus de deux mots à la suite sans repartir de plus belle dans leur fou rire. A la réflexion, le jeune homme devait bien avouer que sa mésaventure était vraiment du plus haut comique et il avait vraiment de la chance que le patron l’apprécie et ait besoin de lui sinon il aurait sûrement risquer sa place.

Il avait quand même, une fois étalé par terre, retenu son souffle pendant un certain moment. Le temps dans la cuisine s’était figée quand la pâte avait atterri sur le visage du patron et tous avaient attendu avec angoisse qu’il fasse un geste. Quand il avait enfin bouger, la tension était palpable dans la pièce. Le patron avait d’abord regarder Enzo avec étonnement puis il était lui aussi parti d’un grand rire, à l’image de ses amis maintenant…

« Le pire dans tout ça c’est qu’il n’a strictement rien dit… » répondit Enzo à son ami.

Et tandis que devant lui des regards complices s’échangeaient il saisit son verre et en but quelques gorgées. Il était heureux de voir que plus le temps passait plus les sentiments des deux tourtereaux semblaient s’amplifier… Il en était même à se demander ce qu’il éprouverait si il «était dans la même situation… C’était une question qu’il se posait toutefois rarement, sans doute parce qu’il aimait trop sa liberté pour se résoudre à « s’enfermer » dans quelque chose de sérieux…

When a man loves a woman
Can't keep his mind on nothing else
He'll trade the world
For the good thing he's found
If she's bad he can't see it
She can do no wrong
Turn his back on his best friend
If he put her down

When a man loves a woman
Can't keep his mind on nothing else...

Vieille chanson qui lui venait alors a l’esprit et qu’il avait jouer des milliers de fois lors de soirées à la demande d’amis. Dédicaces spéciales, c’était un truc qui marchait toujours… Une vieille recette pour faire tomber les filles… le plus marrant dans cette histoire était que le musicien ne récoltait rien lui…

Alors qu’Andrew lâchait sa main pour passer son bras musclé et protecteur autour de son cou, Lauren attrapa sa limonade pour la boire d’une traite, elle en avait besoin c’était agréablement rafraîchissant. Elle posa ensuite sa main sur la cuisse de son petit-ami et reporta son attention sur Enzo qui essayait encore tant bien que mal de s’expliquer.

La conversation en vint sur la réaction du patron du Cipolla. Enzo avait eut de la chance, le patron du Cipolla l’appréciait, Enzo faisait du bon boulot et était agréable en tant qu’employé et collègue. Et qui plus est, le patron était lui aussi un farceur et la situation l’avait lui aussi plongé dans un franc fou rire.

« Heureusement qu’il a bon caractère… »

Reprit Lauren sur un ton plus sérieux.

« …Sinon t’aurais eut des problèmes Enzo. »

Elle jouait peut être les troubles fêtes mais rire du malheur des autres, même si ça peut être extrêmement hilarant n’était pas trop quelque chose qu’elle affectionnait. Lauren était par nature une jeune fille très compréhensive et elle se mettait souvent à la place des personnes. Et à ce moment là, dans la cuisine, elle avait senti à quel point Enzo était honteux.

« Bien, maintenant veuillez m’excuser Messieurs, je dois aller au ptit coin ! »

Dit elle avec un sourire en coin tout en se levant. Elle se pencha vers Andrew pour déposer un doux baiser sur ses lèvres puis partit en direction des toilettes pour dames. Elle fit ce qu’elle avait à faire [pas besoin de dessin ! XD] puis alla se laver les mains tout en s’examinant dans la glace. Elle avait le teint un peu pâle, mais elle ne tarderait pas à reprendre des couleurs sous le soleil italien. Elle se remit une mèche de cheveux qui s’était échappé de son élastique derrière son oreille puis repartit en direction de la salle.

C’est alors qu’elle la vit. Lauren était en train de tirer la chaise pour se rasseoir et elle l’aperçut, elle se cachait derrière une plante verte que Lauren dominait étant debout, les fixant à travers son objectif, tel un paparazzi en attente d’un scoop. La réaction de Lauren ne se fit pas attendre.

« Hey ! A quoi tu joues ?! »

Andrew regarda son ami en face et haussa légèrement les épaules de surprise, puis il prit son verre et reposa son regard sur lui.

« T'as de la chance quand même ! Pas tous les patrons auraient réagit comme le tien ! » Dit-il en sachant très bien de quoi il parlait.

Quand il avait 14ans et qu'il avait du travailler, Andrew s'était fait embauché dans le petit bar du coin, se fesant passer pour un adolescent de 16ans. Alors qu'un soir où le bar était remplit, il avait un plateau remplit de verres d'alcools, tous plus bourrés les uns que les autres, il était malencontreusement passé entre des hommes surexcités, qui beuglait tout ce qu'ils savaient à n'en plus finir. Et malheureusement, un ivrogne se retourna au moment où il lui fesait face, lui fesant renverser tout son plateau sur lui. D'une les verres étaient cassés parterre, et de deux, le client qui se reçut tout l'alcool dessus tapa sa gueulante, fesant ramener le patron. Chose malheureuse pour le petit Andrew qui se fit virer à la seconde. Pas de chance, quelques secondes après deux policiers entrèrent dans le bar, et après vérification de son âge et des activités qu'il fesait ici à servir de l'alcool, il fut ramené au poste de police. La meilleure soirée pour lui.

Andrew but une gorgée de sa boisson puis regarda la main de Lauren qu'elle posa sur sa cuisse, il lui fit un sourire puis la regarda quand elle renchérit sur le patron, disant que celui-ci avait un bon caractère. Il savait que la jeune femme n'aimait pas rire du malheur des autres, là c'était bien parce que c'était Enzo et que de plus il ne lui était rien arrivé de mal.

Le jeune homme se tourna vers Lauren et lui fit un sourire puis répondit à son doux baiser.

« Reviens vite ! » Murmura-t-il alors qu'elle était tout près de lui, il lui fit un sourire, un petit bisou sur le nez puis la regarda partir.

Il se tourna ensuite vers Enzo, prenant d'une main sa boisson et avalant une autre gorgée.

« Tu finis à quelle heure ce soir toi ? » Lui demanda-t-il en reposant sa boisson lui la table et croisant les mains sur celle-ci.

Le jeune homme attendit la réponse d'Enzo alors que Lauren était déjà en train de revenir. Il la regarda et fit un sourire, ouvrant la bouche pour lui dire qu'elle avait fait vite mais elle prit la parole avant lui, parlant à quelqu'un d'autre. Il tourna la tête vers la personne concernée mais ne vit rien, elle regardait derrière un buisson et il ne voyait qu'une ombre de là où il était.

Il tourna à nouveau la tête vers Lauren, attendant de voir dans son regard une réponse qui pourrait lui dire ce qui se cachait derrière ce buisson ou même une parole de la part de la jeune femme.

Zéphora vit, avec une grande joie, Lauren partir aux toilettes, sans doute pour se repoudrer le nez (on est fille ou on ne l'est pas...). Son départ dégageait encore davantage l'angle de vue de la photographe et lui permettait ainsi de prendre Enzo de façon plus libre.

"hum, excusez moi mademoiselle, que prendrez vous ?" interrompit la voix d'un serveur.
"rien rien merci" répondit elle vaguement, tout occupée à modifier les réglages de son appareil.
"Si vous ne consommez pas, je vous prierai de ne pas rester ici.
-bon bon une orange pressée alors."

Le serveur partit en maugréant sur ses « foutus jeunes de l’école Botticelli qui se prenaient pour des artistes » et Zara tourna à nouveau la tête vers la table d’Enzo... pour voir les yeux furieux de Lauren posés sur elle, puis la voix de la tempétueuse jeune fille claqua comme un fouet sur le visage de Zara.

Oups.

Elle se leva maladroitement et se dirigea vers le groupe de jeune en tentant de paraître la plus digne possible. Il lui fallait inventer un mensonge au plus vite : si elle disait la vérité, à savoir qu’elle voulait prendre Enzo en photo, des rumeurs absurdes sur de futiles sentiments ne manqueraient pas de courir à son propos dans toute l’école. Et Zéphora préférait rester discrète : moins on la voyait, moins elle était embêtée et plus elle pouvait se consacrer à son art. Elle était aussi piquée au vif d’avoir été ainsi prise en faute comme une débutante. Et le léger rose qui colorait alors ses joues était de la colère et de la honte mêlées.

"Je suis désolée...c'est pour un projet pour l'école...en fait, je dois prendre en photo des gens par surprise...des instants volés de la vie quotidienne..."

Le mensonge paraissait assez plausible à son goût et personne n'aurait l'idée d'aller voir le professeur de photographie pour lui demander quels étaient les projets photos des cinquièmes années...Dans une heure tout au plus, les trois jeunes gens auraient oublié l'incident et tout irait pour le mieux.

« Oui mais tu l’as dit… Il a bon caractère donc… » fit le jeune homme en haussant les épaules.

Il ne voulait pas penser à une autre éventualité. Si il pouvait suivre des études dans l’école d’art la plus réputée du monde c’était aussi parce qu’il avait un boulot qui lui permettait de payer ses trimestres. Perdre son boulot équivaudrait à perdre sa place dans l’école. Il ne l’avait jamais dit à personne mais il devait avouer que certaines fois il avait angoissé. C’était pour cela qu’il s’était en quelque sorte efforcé de devenir le meilleur pizzaiollo de Rome. Ou tout du moins qu’il avait essayer…

Il plongea dans son verre tandis que la jeune femme s’éloignait en direction des toilettes, soulagé que la discussion s’arrête là et qu’ils passent enfin à autre chose. Lauren comme son petit ami semblaient avoir fini de rire à ses dépends, ils étaient devenus plus sérieux, comme si finalement ils trouvaient quelque chose à redouter.

Il sourit en voyant la mini scène d’adieux que s’offraient les deux tourtereaux. Pour un peu Andrew l’aurait accompagné jusque devant la porte des toilettes et aurait attendu qu’elle en ressorte, l’escortant comme un prince charmant. Quel effet cela faisait-il de dépendre à ce point de quelqu’un d’autre ? De penser à lui à chaque secondes ? Le jeune italien secoua la tête, voilà qu’il devenait bien trop philosophe à son goût…

« Je fini vers 22h00 »

Habituellement il aurait fini plus tôt mais là les frais d’inscription de cette année avaient augmentés, il devait donc faire quelques petites heures supplémentaires. Fort heureusement son patron avait très bien compris la situation quand il était allé lui en parler et il avait tout de suite accepté. Il ne tourna pas la tête quand Lauren revint vers la table et prit une gorgée de plus de son verre. C’est seulement quand elle apostropha quelqu’un d’autre qu’il se tourna dans sa direction, pour voir qu’elle s’adressait à… une plante…

Intrigué il se pencha pour apercevoir une jeune femme brune, absolument charmante, un appareil photo à la main… Il tendit l’oreille et la fixa intensément du regard, arrivant à percevoir quelques brides seulement de la conversation. L’air courroucé de Lauren l’étonnait au plus haut point, elle qui se mettait rarement en colère. Il prit donc le parti de se lever et d’aller voir de plus près ce qui se passait.

« Un problème ? »

Lauren lançait des regards furibonds à la jeune fille à l’appareil photo face à elle. Elle était persuadée de l’avoir vu prendre les garçons en photo, que pouvait bien vouloir cette fille ? Elle sortit une explication bancale comme quoi c’était le prof qui voulait ça et blablabla mais Lauren n’en crut pas un mot. Andrew étudiait lui aussi la photographie et il ne lui avait jamais parlé d’un quelconque exercice en rapport à des instants volés de la vie quotidienne. De plus Andrew et Lauren se disait tout à propos de leurs cours et même pas qu’à propos de ça, cette fille mentait.

Lauren lui lança un regard suspicieux voulant dire quelque chose du genre « Je sais que tu mens », et pile au moment où elle ouvrait la bouche pour laisser sortir ses pensées, Enzo se leva et demanda s’il y avait un problème. L’espace d’une seconde cette geste choqua Lauren, ce n’était pas son petit ami qui venait à son aide mais Enzo…Elle chassa vite cette idée, se disant que c’était la curiosité qui l’avait amené à la rejoindre si vite et sa rage contre cette apprentie paparazzi revint à toute vitesse.

« Oui il y a un problème ! Cette fille vous espionnait et vous prenait en photo ! »

Lança t’elle en montrant la jeune fille brune du doigt. Il était rare de voir Lauren en colère, mais il était encore plus rare de pouvoir prévoir ses accès de colère. Lauren était une fille absolument imprévisible, elle pouvait rester très calme alors que quelqu’un lui parlait comme à un chien et s’enrager en s’étant simplement fait bousculer dans la rue.

« Et c’est pas la peine de ressortir ton excuse bidon il n’y a aucuns devoirs traitant de ce que tu dis, alors, pourquoi tu nous espionne ?! »

Ajouta t’elle en essayant d’adoucir sa voix sans pour autant y parvenir.

Andrew regarda Enzo et hocha la tête quand il lui dit à quelle heure il finissait. Il avait pour habitude d'aller chercher Lauren quand elle avait finit son service en temps normal, et voir en même temps son ami était bien aussi. Il fallait lui aussi de toute manière qu'il trouve un boulot, il arrivait à expiration dans ce qu'il lui restait de l'argent qu'il avait accumulé cet été.

Il reprit une gorgée de son verre puis le reposa quand Lauren s'approcha de la jeune femme. Il se leva pour mieux voir puis vit Enzo les rejoindre. Il s'approcha à son tour et se plaça à côté de Lauren. Il regarda sa petite amie quand elle sortit ce flot de paroles, la voir dans cet état le surprenait toujours, elle si calme, elle ne s'énervait jamais ou du moins rarement. Il tourna ensuite la tête vers la jeune femme à l'appareil photo et la fixa du regard attendant une réponse.

« Il n'y a pas de devoir sur l'espionnage en Photographie... » Assura-t-il en mettant les mains dans ses poches, ne sachant pas qu'avant qu'il arrive elle avait prétexté une excuse bidon sur le cours de photographie.

Il tourna la tête vers Lauren et lui lança un doux regard, il ne voulait pas qu'elle s'énerve trop, du moins il n'était pas habitué à la voir comme ça. Entre eux tout avait commencé il y a plusieurs mois, et Enzo était la cause de leur rencontre, il ne le remercierait jamais assez pour ça. Et puis leur attirance avait augmenté quand il lui avait proposé de l'aider dans ses cours vu qu'elle était assez débordé avec son boulot au Cipolla. Ils étaient vite passé du statut "simples amis" à celui de "petits amis" et maintenant ils filaient le parfait amour même après de longs mois, être éloigné d'elle était impossible pour lui. En un regard ils savaient se comprendre, ils n'avaient pas besoin de paroles inutiles, leur couple était fusionnel. Mais Andrew aimait garder aussi un peu de temps pour lui, et pour ses chansons. Pour en écrire, il devait rester enfermé dans sa chambre sans personne pour le déranger. Mais Lauren comprenait ça, et puis il essayait au maximum de composer quand elle était de service, au moins ça ne les empêchaient pas de se voir avant ou après son service. Et puis, Lauren ayant une voix magnifique, il aimait lui écrire des chansons et l'entendre chanter. A eux deux ils formaient un des couples les plus connus à l'école bien qu'ils ne fesaient rien pour avoir ce statut, mis à part qu'ils s'aimaient et c'est tout ce qui comptait pour Andrew.