Calzone o Margharita? [Réservé]

20h, un grand soleil malgré l’heure tardive, 30 degrés à l’ombre et au moins 50 dans cette pizzeria de malheur ! Lauren n’en pouvait plus alors que le rush avait à peine commencé. L’aller/retour incessant cuisine/salle, salle/cuisine devenait de plus en plus pénible. A chaque fois qu’elle entrait en cuisine, la chaleur que dégageaient les fours lui donnait l’impression de pénétrer en enfer.

« Une Calzone et une Margharita ! »

Cria t’elle en pénétrant une nouvelle fois en enfer. Elle posa le papier de commande sur le comptoir prévu à cet effet et attrapa les 3 assiettes commandées pour la table 5. Elle se força à afficher un sourire alors qu’elle servait les clients, puis elle se dirigea derrière le comptoir pour se servir un verre d’eau.

Elle avait tellement chaud qu’elle n’arrêtait pas de boire depuis le début d’après-midi. Ce début du mois de septembre était vraiment torride et même s’ils étaient attachés, ses longs cheveux lui tenaient terriblement chaud. Elle passa une main dans sa longue crinière pour renvoyer les quelques mèches rebelles qui lui tombaient devant le visage, lui donnant ainsi un air farouche plutôt craquant.

Elle vida son verre d’une traite, le rinça puis repartit dans l’aréne. Elle jeta un coup d’œil dans la salle, elle ne voyait pas Enzo, il devait sans doute être en cuisine. Elle vaqua une nouvelle fois à ses devoirs professionnels, écoutant les commandes et satisfaisant les moindres désirs des clients toujours rois.

Deux heures plutard, il ne restait qu’un seul couple. Le lundi soir la plupart des personnes ne sortait pas au restaurant, même pas à une pizzeria pourtant rapide, mais cela ne dérangeait pas Lauren plus que ça, elle n'avait qu'une envie, prendre une douche!

L’homme et la femme semblaient mariés, portant chacun une alliance et se faisant les yeux doux. Ils étaient d’un certain âge et étaient en train de finir leur glaces. Lauren était assise au bar et les regardait discrètement. Elle les trouvait attendrissants tous les deux. A leur âge la flamme était toujours là, comme dans un conte de fée…

Depuis qu’il avait commencer son service le jeune homme n’avait pas eu le temps de respirer, complètement absorbé par sa tâche qui consistait à préparer des pizzas pour l’ensemble de la clientèle de la pizzeria. Depuis trois ans qu’il travaillait là, la quatrième année commençant tout juste, il avait pris un sérieux coup de main et il était en mesure de préparer une pizza les yeux fermés.

Il maniait la pâte avec une dextérité étonnante, la faisant tourner dans les airs, ce qui impressionnait pas mal de filles au passage et la rattrapait avec une facilité déconcertante. Le reste de la manœuvre, c’est-à-dire garnir la pâte ne lui prenait que deux secondes à peine. Et la chaleur étouffante de la cuisine ne semblait pas lui poser de problème, il était parfaitement à l’aise dans cet univers brûlant.

Le seul petit problème était qu’il était complètement incapable de travailler sans se mettre de la farine partout. A la fin de la journée il en était toujours couvert de la tête aux pieds ce qui ne manquaient pas de faire rire ses camarades. Profitant du moment d’accalmie qu’offrait la fin du service il frotta ses mains l’une contre l’autre pour en retirer les résidus de pâte à pizza et se décida à faire un petit tour dans la salle.

Un seul coup d’œil lui suffit pour voir qu’il ne restait pas grand monde. Un couple qui roucoulait et Lauren, élève également à l’école Botticelli et qui était arrivée l’année dernière. Adorable était sans aucun doute le mot qui la qualifiait le mieux…

« Come stai ? » demanda-t-il en s’approchant d’elle et en s’accoudant au bar.

Visiblement c’est eux qui ce soir seraient chargés de fermer le restaurant. Leur tâche consistait en nettoyer l’endroit et veiller à ce que tout soit en ordre pour que quand la pizzeria ouvre le lendemain il n’y ait qu’à attendre les clients et se mettre devant les fourneaux. Une tâche qui ne le rebutait pas, il aimait ce moment de calme après la tempête qui lui permettait de se recentrer et même de discuter avec ses collègues.

Lauren somnolait presque quand elle fût tirée de sa rêverie par Enzo, le charmant italien travaillant à ses côtés au Cipolla. Sans son aide elle aurait tout laissé tomber à ses débuts dans la pizzeria. Le rythme effréné qu’elle devait supporter enchaînant pizzas sur pizzas était terrible pour quelqu’un de non habitué. Mais Enzo l’avait de suite mise en confiance lui disant qu’au début il ne savait même pas retourner la pâte à pizza sans la casser. A voir comment il se débrouillait, Lauren en avait eut le souffle coupé. Elle ne savait toujours pas si il lui avait dit la vérité ou si c’était juste pour l’empêcher de péter un câble. Mais depuis, il avait toujours été présent pour l’aider.

« Mal, je suis épuisée ! Je tiens plus debout… »

Dit elle en enfouissant son visage dans ses mains. Elle releva la tête quelques secondes plutard et croisa le regard ténébreux de l’italien. Elle lui fit un petit sourire.

« Je tiens le coup ! Et toi, tu n’as pas trop chaud dans cette fournaise ?! »

Ajouta t’elle en indiquant les portes de la cuisine d’un signe de tête. En tout cas s’il avait eut chaud, il ne s’était pas plaint une seule fois contrairement à elle qui n’avait pas arrêté de soupirer durant toute la soirée, se cachant derrière le bar pour attraper un glaçon ou boire un grand verre d’eau fraîche.
Elle remarqua alors l’état dans lequel Enzo se trouvait, on aurait cru un rescapé d’une guerre de farine. Il en était tapissé de la tête au pied.
Lauren le regarda d’un air effaré, puis éclata de rire.

« Oh mais tu as vu dans quel état tu es ?! Mais comment tu les fais tes pizzas pour ressortir comme ça Enzo ? »

Lauren était amusée de voir Enzo couvert de farine, il lui faisait penser à un petit garçon qui s’était roulé dans la terre. Malgré ses 20 ans, Enzo avait un visage très expressif qui le rendait craquant, faisant à chaque fois sourire Lauren, amusée par ses petites moues.
Dans la salle, le couple venait de se lever, laissant chèque et pourboire dans la petite assiette à cet usage. Lauren salua le couple puis alla chercher l’assiette. Elle encaissa le chèque et tendit une des deux pièces à Enzo.

« Pourboire pour le pizzaiolo ! » [je suis pas sûre de l'orthographe! ]

Un grand sourire illuminait son visage alors qu’elle tendait la pièce à Enzo. Il méritait ce pourboire autant qu’elle, aprés avoir fait toutes les pizzas tout seul.

Un sourire amusé envahit les traits du jeune homme. Pour lui un tel boulot était un véritable bonheur puisqu’il n’avait pas le temps d’être inactif et qu’il avait sans cesse quelque chose à faire mais pour quelqu’un de plus délicat comme la jeune femme il ne doutait pas que certains soirs relevaient d’un véritable marathon. Précisément comme ce soir où les commandes n’avaient fait que s’enchaîner. Et comme l’année recommençait tout juste, l’équipe n’était pas encore au complet ce qui était bien évidemment synonyme de travail supplémentaire pour ceux qui étaient déjà sur place. Accoudé au comptoir, il posa son menton dans sa main et l’observa silencieusement tandis qu’elle soufflait un instant et son regard malicieux croisa le sien quand elle releva la tête.

« Non ça va la chaleur est supportable… » fit-il en se redressant

Il se dirigea vers le frigo qui se tenait derrière le comptoir et en sortit deux soda dont un était destiné à la jeune femme. Ils avaient la possibilité de se servir dans le garde manger et dans les frigos quand ils travaillaient sur les lieux. Bien sûr il n’étaient pas question qu’ils fassent des réserves, juste qu’ils ne meurent pas de faim le temps de leur service.

Quand il s’approcha à nouveau de la jeune femme il dut faire face à son hilarité. Il n’avait pas besoin de miroir pour se rendre compte dans quel état il était, c’était chaque fois la même histoire. La vérité était qu’il se sentait tellement impliqué dans la préparation de ses pizzas qu’il se donnait à fond et oubliait toute prudence. Haussant les épaules il se joignit à son rire si franc et communicatif et déposa les deux canettes sur le comptoir et passa une main dans ses cheveux de jais pour en retirer le surplus de farine.

« La cuisine est affaire de tous les sens… » se contenta-t-il de répondre un air malicieux gravé sur son visage.

Il la laissa s’occuper d’encaisser les derniers clients tandis qu’il mettait un peu d’ordre sur le comptoir. Quand elle revint vers lui et qu’elle lui tendit une partie du pourboire il refusa poliment. Sa galanterie prenant le dessus. et pour éviter tout refus il se dirigea dans la salle, un torchon dans la main et se mit à astiquer les tables. Une fois cette tâche fini, il empilait les chaises dessus et passait à l’autre, avec méthode et dextérité. On aurait dit qu’il avait fait ça toute sa vie.

La réponse d’Enzo à propos de la cuisine la fit rire encore plus. Excuse un peu bidon. S’il s’agissait d’une autre personne, on aurait de suite pensait qu’il se mettait de la farine partout parce qu’il ne savait pas faire les pizzas, mais en connaissant Enzo, cette solution était impossible ! Si quelqu’un savait faire les pizzas, c’était bien lui.

Lauren ne s’était jamais essayé à la cuisine, elle se doutait qu’elle s’en mettrait partout, mais elle craignait aussi que la cuisine ne ressemble à un vrai champ de bataille, encore pire que les dégâts fait par Enzo ! La cuisine n’avait jamais été le fort de Lauren, à croire que le don pour la cuisine n’est pas héréditaire. Mais il faudrait bien qu’un jour elle s’y mette, et ce jour arriverait peut être plutôt que prévu…

Enzo refusa poliment le pourboire que Lauren lui tendait et partit ranger la salle. Elle le laissa faire sans rien dire, gardant tout de même la seconde pièce dans la main alors qu’elle passait un coup d’éponge sur le bar et rangeait les bouteilles et verres. Une fois que le bar fût nickel, elle jeta un coup d’œil à la salle. Tout était en ordre, Enzo finissait de mettre les chaises sur les tables. Il ne restait qu’à passer un coup de balais, et à vérifier l’état de la cuisine, elle ne savait pas si Enzo l’avait remise en état avant d’arriver dans la salle.

Toujours en silence, elle passa tranquillement un coup de balais entre les tables, une fois qu’elle fût suffisamment proche d’Enzo, elle glissa la pièce dans la poche de son tablier et leva la main avant qu’il réplique quoi que ce soit.

« Non. Tu le mérite autant que moi ! T’as fait tout le boulot en cuisine alors discute pas sinon je me fâche… »

Le prévenu t’elle en tentant de faire des gros yeux, mais elle se doutait qu’elle ne devait pas faire bien peur.
Elle reprit son balais et continua à le passer. Quelques minutes plutard elle avait finit. Elle alla voir Enzo pour lui demander si out était fait où s’il en restait encore.

« La cuisine est propre où y’a encore tout ton chantier ? »

Demanda t’elle avec son habituel beau sourire amusé.

Fort heureusement, le rangement de la salle n’était pas une tâche ardue et à deux les jeunes gens en vinrent à bout rapidement, surtout avec ce partage des tâches équitables. Ayant déjà travaillé toute une année ensembles ils avaient acquis un sorte d’automatisme et ils ne se posaient même plus de question quant à la marche à suivre. C’était devenu comme une seconde nature chez eux.

En plus, de toutes les personnes employées à la pizzeria, Lauren était sans doute celle avec laquelle il préférait travailler. Elle avait cette fraîcheur et cette candeur qui le faisait toujours rire et elle ne rechignait pas à la tâche comme d’autres qui se contentaient de faire le strict minimum et d’empocher leur salaire.

Le meilleur exemple était encore son attitude de ce soir. Il ne lui avait rien demander, n’avait rien dit et pourtant elle partageait le pourboire avec lui. Depuis le temps qu’il travaillait là elle était bien la seule a avoir agit de la sorte. Bien qu’Enzo ait beaucoup de charme, les serveuses précédentes avaient toujours tout garder pour elles…

« Lauren… » fit-il en secouant la tête quand elle s’approcha de lui en douce pour glisser la pièce dans son tablier.

Et devant son air faussement courroucé il se mit à rire. Lauren ne savait pas être méchante. Elle semblait génétiquement incapable du moindre mal et la voir tenter de se fâcher était du plus haut comique.

« Je t’aurais un jour… » lança-t-il alors qu’elle s’éloignait de nouveau pour finir de passer le balais.

Puis il se remit au boulot. Il venait de mettre la touche finale quand elle apparu de nouveau devant lui demandant l’état de la cuisine. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres et il se dandina d’un pied sur l’autre.

« Et bien c’est que… »

Il y avait pas mal de boulot de ce côté là, dans la précipitation il n’avait évidemment pas le temps de ranger derrière lui et la cuisine ressemblait vite à un champ de bataille. Mais ce n’était pas si terrible que ça…Rien d’insurmontable en tout cas… Enfin de son point de vue..

« je crois qu’il va falloir y faire un petit tour… »

* Mouai, c’est ce que tu crois… *

Pensa t’elle en s’éloignant d’Enzo qui venait de lui dire qu’il l’aurait un jour. Elle n’imaginait pas à quel point il avait raison, et à quel point elle avait tort. Le futur réserve toujours bien des surprises et Lauren était loin de se douter de tout ce qui l’attendait.

En voyant l’expression sur le visage d’Enzo à l’évocation de la cuisine, Lauren se dit qu’elle n’était pas encore couchée. La cuisine devait être inondée de farine, il faudrait passer le balais, puis la serpillière, puis l’éponge sur le comptoir… seigneur il y en avait pour au moins une heure. Elle attrapa Enzo par le bras et l’emmena avec elle.

« Je vois…Allez viens calamité ambulante ! Faut réparer tes bêtises maintenant ! »

Une fois dans la cuisine, elle ne fût pas étonnée, c’était ce à quoi elle s’attendait. Elle lança le balais à Enzo et s’occupa du comptoir.
Ils récurèrent, frottèrent, nettoyèrent pendant un peu plus d’une demi-heure. Mais le résultat était surprenant, on aurait mangé par terre.

« Ah voilà une belle cuisine ! Top là collègue ! »

Lauren leva sa main vers Enzo un grand sourire fier trônant ses douces lèvres rosées. Celui-ci tapa gaiement contre la main de la jeune américaine, lui aussi ravi d’en avoir finit avec tout ce nettoyage.

Ils attrapèrent alors leurs instruments de nettoyage pour aller les ranger dans le petit réduit à l’arrière du restaurant, lieu plutôt étroit dans lequel se trouvaient rangé tous les ustensiles de nettoyage du restaurant. Enzo ouvrit la porte et pénétra doucement à l’intérieur. Il posa les détergents que lui passait Lauren sur les tablettes. Cette dernière posa le balais et la serpillière dans le coin de la porte en se penchant quelques peu ne pouvant pas s’approcher plus à cause d’Enzo. Mais juste alors qu’elle se penchait, il se retournait, lui donnant un coup d’épaule, Lauren faillit perdre l’équilibre mais Enzo la rattrapa par le bras, donnant un coup de coude à l’étagère ce qui fit tomber par terre une bouteille de javel.
Lauren éclata de rire et se baissa pour ramasser en même temps qu’Enzo, cette fois-ci leur deux têtes se cognèrent, ils la relevèrent en même temps, à peine quelques centimètres les séparaient.

« On est vraiment très habile ! Je crois que je vais te laisse faire… »

Dit elle en souriant, amusée par cette situation terriblement maladroite. Elle recula et attendit qu’Enzo referme le placard.

Sans protester il se laissa traîner à l’intérieur de la cuisine qui était devenue un véritable champ de bataille et qui avait vraiment besoin d’un sacré coup de chiffon. Il avait beau faire attention, Enzo faisait partie de ses artistes qui exprimaient leur créativité par un désordre extérieur incroyable. Combien de fois son prof de sculpture avait-il fait des bons en voyant le chantier de son atelier ? Des milliers sans aucun doute… En même temps il ne lui en voulait jamais bien longtemps car ses sculptures se révélaient vraiment exceptionnelles… Tout comme ses pizzas pouvaient l’être…

« Bien chef… » répondit-il en exécutant un salut militaire.

Il saisit le balais qu’elle lui lançait et se donna pour mission de tout astiquer de façon à ne pas s’attirer les foudres de la belle, chatonnant par la même occasion sa chanson favorite du moment. Elle avait beau être incroyablement gentille, elle n’en était pas moins terrible quand elle était énervée et après une telle journée de travail il pouvait très bien comprendre qu’elle n’ait pas envie de s’éterniser…


Tu abballe 'o roccorol
tu giochi al basebal '
ma 'e solde pe' Camel
chi te li dà? ...
La borsetta di mammà!

Tu vuò fa l' americano
mmericano! mmericano!
ma si nato in Italy!
siente a mme
non ce sta' niente a ffa
o kay, napolitan!
Tu vuò fa l' american!
Tu vuò fa l' american!

Quand tout fut enfin propre, il se rapprocha de la demoiselle et topa dans sa main, un sourire ravi accroché à ses lèvres vermeilles. Il avait hâte de retrouver la quiétude et la fraîcheur de l’extérieur. Peut-être irait-il même retrouver des amis à lui, qui installé dans un coin du parc se laissaient aller à la dolce vita et jouaient de leurs instruments jusque tard dans la nuit…

Il saisit des deux mains la majorité des ustensiles qui leur avaient servis pour nettoyer la cuisine et se dirigea presque les yeux fermés vers le petit réduit qui servait de rangement, la jeune femme sur ses talons. Une fois à l’intérieur il attrapa les objets qu’elle lui tendait et les rangea sur les étagées. Quand il se retourna, il se heurta à Lauren et la déséquilibra, la voyant chuter il la rattrapa de justesse mais son geste eut pour résultat de faire s’écrouler la bouteille de javel. Un léger sourire gagna ses lèvres quand au comique de la scène, plus ils s’efforçaient de ranger et plus il faisaient le cirque. Se baissant en même temps il se heurtèrent encore une fois. Quand ils se relevèrent seulement quelques centimètres les séparaient et le jeune homme avait du mal à ne pas se laisser aller au trouble qui l’envahissait en sentant la chaleur et le parfum de la douce demoiselle.

Son sourire mourut sur ses lèvres et il lui fallut un instant avant de reprendre ses esprits et ramasser la bouteille puis refermer la porte du placard. Il se sentait beaucoup trop à l’étroit dans ce couloir et il passa auprès de la jeune femme pour en sentir, effleurant au passage ses hanches de ses mains. Son regard accrocha un instant celui de Lauren avant d’afficher à nouveau cette pointe d’amusement qui ne le lâchait jamais.

« Ne me dis pas que je suis en train de déteindre sur toi… La farine ça ne te va pas au teint… » lâcha-t-il sur le ton de la plaisanterie.

Lauren crut voir une once de gêne dans le regard et l’attitude d’Enzo alors que celui-ci se dépêchait de ranger les affaires, de fermer la porte et de s’éloigner d’elle. Du moins c’était l’impression qu’elle avait. Il la frôla en passant à côté d’elle puis retrouva son habituel sourire et ses habituelles plaisanteries de fins de soirées.
Lauren émit un petit rire avant de se re-diriger vers la salle à manger. C’est alors qu’elle se rappela ce qu’Andrew lui avait dit l’après-midi même, juste avant qu’elle ne parte pour le Cipolla.

« Ah au fait ! »

Commença t’elle en se retournant brusquement.

« Andrew voudrait qu’on aille faire un tour tous les trois, entre amis, pour fêter la rentrée en quelques sortes ! »

Elle voulu ajouter « Tu peux amener quelqu’un si tu veux » mais la réalité la ramena sur terre, Enzo était un célibataire forcené et cela lui convenait parfaitement, d’après ce qu’il laissait paraître. Il n’avait jamais personne à amener lors de ces petites après-midi ou soirées en compagnie de Lauren et Andrew, à croire que cela ne le dérangeait pas plus que ça de tenir la chandelle, ou alors prenez t’il un certain plaisir pervers à les observer ? Non !

« Donc, tu n’as qu’à le tenir ou courant ou alors me dire demain quand tu as un moment de libre. »

Elle lui sourit une nouvelle fois, puis alla attraper son sac derrière le bar, attrapant au passage la canette qu’Enzo lui avait offerte auparavant. Il n’en restait qu’un fond, elle le finit d’une traite et jeta la canette. Elle se retourna vers son collègue en soupirant de satisfaction.

« Bon, ben voilà, reste plus qu’à fermer le magasin ! »

Voilà plusieurs minutes que le jeune homme marchait sur le chemin le menant vers celle qu'il aimait, le menant sur son lieu de travail : le Cipolla. Les mains dans les poches, il avait cet air dans la tête qu'il ne cessait de répéter, cette chanson qui a chaque fois revenait lorsqu'il allait la voir, la chanson de l'amour ?

Arrivé devant, il regarda la scène se dérouler sous ses yeux, ses deux amis en train de rire.

A Moment like this.
Some people wait a lifetime for a moment like this.
Some people search forever for that one special kiss.
I cant believe its happening to me.
Some people wait a lifetime for a moment like this.

Andrew les regarda un instant comme ça et posa ses yeux sur Lauren quand elle se mit à rire. Un sourire se dessina alors sur son visage tandis qu'il s'avançait vers la porte pour l'ouvrir.

The speed of waiting love of all.
I wanna know that you will catch me when I fall.
So let me tell you this.
Some people wait a lifetime for a moment like this...

« On parle de moi ? » Demanda-t-il en se retournant pour les regarder alors qu'il ferma la porte.

Sa petite amie avait parlé de lui alors que doucement il avait ouvert la porte, mais il n'avait pas tellement entendu le reste de sa phrase juste qu'elle disait qu'ils allaient fermer la pizzeria.

« J'arrives à l'heure on dirait ! » Fit-il en s'avançant vers eux, un sourire aux lèvres.

Il regarda Enzo puis se pencha vers Lauren arrivée devant elle. Il l'embrassa tendrement, trop longtemps pour lui qu'il était séparé d'elle. Il détacha ses lèvres des siennes puis la regarda en souriant, remettant une mèche de cheveux derrière son oreille à elle.

« Hum toute transpirante... » Fit-il alors en plaisantant pour la taquiner.

Il lui fit un sourire et attendit une réaction de sa part, s'éloignant un peu s'il allait recevoir une tape sur l'épaule. Elle savait en le regardant qu'il plaisantait. Il en profita pour lui donner un rapide baiser sur ses lèvres puis il regarda Enzo.

« Elle n'a pas été trop embêtante ? » Fit-il en souriant et en déviant un peu son regard vers sa petite amie à côté de lui, un sourire au coin des lèvres.