Ne te verrais-je plus que dans l'éternité ?

Cela n'aurait pas dû se passer comme ça. Beth avait été bien dupe de penser qu'Enzo aurait fait comme tous les autres garçons dans cette situation : s'enfuir en courant. Or, non, Enzo avait dit oui. Et maintenant la danseuse s'en mordait les doigts. Et même, s'il avait dit oui, il aurait dû passer toute la journée à ronchonner et à râler au moindre petit problème.

Bee fronça les sourcils, parler au conditionnel la fatiguait plus qu'elle ne l'était déjà. Elle s'engouffra dans la porte tournante et sortit du magasin, une simple poche plastique à la main qui contenait de nouveaux chaussons de danse. Ah ! Si elle avait su... Si seulement elle avait su qu'Enzo aurait été plus qu'enthousiaste de l'accompagner dans sa virée shopping, elle ne l'aurait pas emmené. Voilà trois bonnes heures qu'il lui tapait sur les nerfs, débordant d'énergie, lançant blague sur blague et sautillant dans tout le magasin comme un cabri, imitant des sauts de l'ange et autre figure de ballet sans aucune peur du ridicule ni honte. Et c'était Beth qui se sentait bien honteuse, à avoir ce phénomène sur les talons. Elle avait bien vu que le regard de la vendeuse s'était attardée sur elle lorsqu'Enzo avait voulu essayé des collants... Pis encore, il avait failli mourir de rire devant le rayon Homme, notamment lorsqu'ils étaient passé devant le portant dédié aux sous-vêtements.

Maintenant qu'ils étaient dehors, Beth avait accéléré le pas pour mettre le plus de distance possible entre elle et cet huluberlu. Toute l'après-midi, sans interruption il l'avait éprouvée, sans arrêt, sans arrêt, sans arrêt. Et plus elle y pensait, plus elle s'énervait contre lui et perdait la maîtrise de ses nerfs. Encore une blague, se disait-elle, encore une blague et je lui fous ma main dans sa face de clown dégingandé ! La ballerine avançait ainsi, tête en avant, les poings serrés et la démarche déterminée. Déterminée à filer loin d'ici jusqu'à sa chambre qu'elle fermerait à double-tour.

Quel après-midi ! Le jeune homme s’était amusé comme un fou, chose qu’il n’avait jamais imaginé. Il avait déjà entendu maintes fois ses amis masculins se plaindre des après-midi shopping passées en compagnie de leurs copines et de l’horreur de la chose et pourtant quand Beth lui avait proposé de l’accompagnée pour faire ses achats il n’avait pas hésité une seule seconde et avait tout de suite accepté, attiré par le goût de l’inédit et de l’aventure.

Force lui avait été de constater que ses amis exagéraient largement ce qu’ils appelaient une « épreuve » et il était même bien décider à recommencer à chaque fois que Beth le lui demanderait. Les rayons féminins regorgeaient de choses qui lui étaient totalement inconnus et il avait découvert milles fabuleux trésors en zigzaguant entre les rayonnages.

En résumé il avait passé l’après-midi à faire le pitre avec tout ce qui lui tombait sous la main et avec sa naturelle insouciance n’avait ni remarqué l’étonnement des vendeuses, ni l’agacement de Beth. Il n’avait d’ailleurs pas compris pourquoi elle lui avait interdit d’essayer un sous-vêtement trouvé dans le rayon homme, qu’il croyait pourtant être typiquement féminin et qui était communément appeler un string. Alors qu’il s’était fermement engagé en direction des cabines d’essayage (un peu de pudeur tout de même), elle avait stoppé net dans sa course et l’avait traîné jusqu’aux caisse où elle avait payé ses nouveaux chaussons avant de s’enfuir en courant.

« Attends.. »

Il accéléra le pas pour se retrouver à sa hauteur et un large sourire fendit son visage. Sourire qui s’estompa quelque peu quand il vit le visage renfrogné de Beth.

« Il y a quelque chose qui ne va pas ? »

La jeune femme resta sourde à l'appel d'Enzo, continuant sa presque course vers l'école Botticelli, évitant de justesse les passants et parfois en les cognant véritablement. Mais leurs plaintes ou injures ne l'atteignait pas, et elle préférait ne pas les écouter, car si elle se donnait la peine de leur répondre, les pauvres seraient innondés d'injures en diverses langues. Tout son dictionnaire vulgaire y serait passé, mais elle se le réservait pour Enzo.

Elle l'entendait courir après elle pour la rattrapper, et lorsqu'il fut arrivé à son niveau, il posa une question qui ne pouvait que la faire exploser. "Quelque chose ne va pas ?" Mais comment osait-il poser cette question ? Ca ne se voyait pas peut-être ? Oh non, elle était partie à la limite de courir mais à part ça, tout allait bien. C'est sûr, il s'était tellement amusé qu'il ne lui avait pas prêté attention, quel égoïste ! Et plus elle s'énervait contre lui, plus il l'énervait, et ce cercle vicieux venait gonfler les veines de ses tempes, trahissant son état au bord de l'explosion.

Mais ce fut exactement lorsqu'il lui fit son regard plein d'incompréhension, de compassion et de garçon prêt à l'écouter tellement il était bon que le volcan entra en éruption.

"Oh tu veux que je te dise ce qui ne va pas ? Tu veux vraiment le savoir ? Eh bien je vais te le dire ! Voilà ce qui ne va pas : TOI !" Elle s'arrêta un moment, fixant un par un les passant qui s'étaient arrêtés, étonnés d'un tel raffut sur la voie publique. "Oh ça va, on est pas au théâtre-là, allez voir ailleurs si j'y suis !' hurla-t-elle à leur attention avant de se retourner vers Enzo, "Tu m'as rendue ridicule toute l'après-midi, et en personne nombriliste que tu es, tu n'y as même prêté attention ! Tu t'es comporté comme un adolescent prépubère, que dis-je, comme un gamin, un morveux n'ayant même pas l'embryon d'un cerveau ! Une course qui aurait dû prendre même pas une heure s'est transformée en rallye de la mort de trois heures, et tout ça à cause de toi et de ton attitude ! Grandis un peu !"

Malgré ce flot ininterrompu de paroles, ou plutôt de cris, elle n'arrivait pas à faire passer son taux de nervosité à zéro. Elle tapa finalement du pied, elle-même comme une enfant en plein caprice, puis reprit son souffle, guettant les prémisses d'une excuse.

En posant cette simple et anodine question, le pauvre Enzo ne s’était pas douté un seul instant qu’il se jetait tout droit dans la gueule du loup et que ce loup, d’habitude si tendre et chaleureux avec lui ne voudrait faire qu’un bouchée de lui. Il ravala le début de sourire si conciliant qui s’était gravé sur son visage par automatisme et fixa avec des yeux ronds Beth, son amie, qu’il croyait connaître et dont parfois le comportement lui échappait tout de même… Ah les femmes…

Il se tourna vers des passants tout aussi médusés que lui et quand elle se mit à les houspiller il leur accorda un sourire d’excuse. Véxés sans doute de ne pouvoir assister à un spectacle qui promettait d’être plus que divertissants, ils s’éloignérent a tête haute, sans plus accorder un seul regard au couple.

« Ecoute… » tenta-t-il de placer à travaers le flot ininterrompu de paroles qu’elle ne cessait de débiter.

Mais il du bien vite se rendre à l’évidence, elle ne semblait pas vouloir se taire et elle avait un sacré paquet de choses à lui reprocher. Ils s’étaient pourtant bien amusés non ? Enfin c’était ce qu’il croyait jusque cet instant… Elle avait toujours rit à ses blagues alors pouquoi ?

Finalement ses camarades avaient raison. Faire du shopping avec une femme n’était jamais, jamais une bonne idée… Il était maintenant intimemen persuadé que s’il avait joué les blasé comme bon nombre de ses collègues elle n’aurait pas manquer de lui reprocher aussi et peut-être même avec plus de véhémence encore. Voilà… Voilà ce qu’on récoltait à vouloir jouer les gentils…

« Qu’est ce qui se passe tu as tes régles ou quoi ? »

Seule explication plausible qui s’offrait à lui. Il n’avait rien fait qui mérite une telle crise de nerfs et il commencait presque à trouver injuste de devoir trinquer pour ses problémes menstruels.

Leçon n°1 : éviter le shopping avec une femme

Et SURTOUT

Leçon n°2 : éviter tout contact avec une femme lors de sa « mauvaise » période

Oh oui, Enzo, le bon samaritain, qui vient prendre une douche de temps en temps, qui offre ses services pour des massages tard le soir, qui n'a jamais peur de rien, oui, cet Enzo-là n'était qu'un profond idiot. Et c'était seulement maintenant qu'elle s'en rendait compte. Mais comment pouvait-elle avoir été aussi aveugle vis-à-vis de sa profonde stupidité, comment ?!

La jeune femme resta bouche-bée devant la réplique cinglante d'Enzo. Hein? Il venait de lui dire ça ? Refermant la bouche et se reprenant peu à peu, la douce ballerine (ahem) lança un regard assassin au jeune homme, resserrant la mâchoire et refermant ses poings. Prenant une longue mais difficile inspiration, elle fixa son visage de petit minet qu'elle se ferait un plaisir de venir écraser contre le bitume pendant qu'elle lui sauterait dessus. Il l'aurait bien cherché. Poussant un hurlement strident elle lui envoya son sac plastique mit ses chaussons de danse en plein poire, usant de toutes les forces qui lui avaient été données et de la force centrifuge pour lui mettre une chataigne dont il se souviendrait toute sa vie pour avoir poussé à boût la si sensible Beth Langdon.

Beth resta immobile un instant, regardant ce qu'elle venait de faire. Les passants eux aussi, restaient pantois, devant l'audace et la violence dont venait de faire preuve la jeune femme. Enzo, aussi, la regardait comme un chien de faïence. Bref, rien ne bougeait, tous étaient paralysés. Déglutissant avec peine, Beth soupira, puis tourna les talons, reprenant sa marche rapide vers l'école. Et elle espérait qu'Enzo ne la suivrait pas.

A l’instant même où une lueur assassine brilla dans les yeux ambrés de la belle beth, Enzo su qu’il avait dit une bêtise plus grosse que lui. Seulement pas un instant il ne s’attendit à une réplique aussi cinglante de la part de la jeune femme. Il ne vit même pas le sac arriver vers son visage et n’eut donc pas le temps de l’éviter. Et même si la charge qu’il contenait n’était pas énorme, le coup n’en fut pas moins violent. Elle essayait de lui arracher la tête ou quoi ?

Restant un instant interdit, il fixa la jeune femme avec des yeux ronds. Il avait la joue en feu et devait sûrement porter la marque du coup mais cela n’était rien comparé au sentiments qui l’avait envahi. Elle l’avait frappé ! Et avec une violence rare ! Une vraie tigresse… Tandis qu’elle s’éloignait rapidement, il porta la main à sa joue. Il lui fallut quelques secondes pour reprendre ses esprits et se lancer à la poursuite de la « frêle » ballerine. Avait-elle oublier de lui dire qu’elle avait fait du catch ?

« Beth… »

Il ne lui avait pas été difficile de la rattraper et une fois à sa hauteur il lui avait barré le chemin de toute son imposante stature. Il lui avait saisies les mains, mieux valait-il être prudent maintenant et l’avait attirée dans une petite ruelle sombre, un peu craignos mais à l’abri des regards indiscrets et l’avait plaquée contre un mur. Quand il se fut assuré qu’elle ne viendrait plus à le frapper, il avait desserré son emprise mais l’avait tout de même gardée captive entre ses bras.

« Mi di spiace Bellisima… Sono mortificato...“ lui murmura-t-il à l’oreille tandis qu’il emprisonnait son visage entre ses mains pour le parsemer de tendres baisers.

Des baisers qui petit à petit se firent plus sensuels à mesure que les mains de la jeune femme couraient sur son torse. Il finit par laisser courir ses lèvres brûlantes dans le cou de Beth et ses mains abandonnèrent son visage de poupée pour se laisser aller à une exploration coquine de son corps.

La chaleur torride des dernières semaines s’était atténuée et une petite brise agréable s’était installée depuis le matin même, rafraîchissant ainsi la ville. Profitant d’une après midi de libre et de cette accalmie, Zara était descendue dans les rues de Rome pour acquérir un tout nouvel objectif qui permettrait, avec quelques petits réglages, de prendre des clichés de paysages ou de personnes « entre chien et loup » ; c’est à dire à cet instant très particulier de la journée ou le soleil, couché, déjà presque endormi et pourtant toujours présent en un mince rayon ambré dans le ciel, gomme les détails et fait surgir les premières ombres en les enveloppant d’or. C’était le moment favori de Zara, celui où le temps semblait s’être arrêté et où tout semblait possible, pour les amoureux, les désespérés et autres « aventuriers de la vie ».

A peine sortie de la boutique photo, elle s’était empressée de mettre son nouvel objectif sur son appareil photo, toute impatiente de découvrir ce qu’elle pourrait en tirer. Et il n’y avait pas de temps à perdre, car justement l’heure était aux chiens et aux loups…Descendant la Via Magister, elle tenait contre elle son appareil, prête à dégainer au moindre sujet intéressant. C’est alors que son regard fut happé par une masse sombre qui se tenait dans une ruelle obscure adjacente à la grande rue. Un couple s’embrassant fougueusement et légèrement éclairé par le soleil qui se couchait au loin se tenait là. Si elle ne pouvait percevoir les visages des deux amoureux, leurs corps, en revanche, exprimaient la passion torride qui les étreignait. La jeune femme, plaquée contre le mur était longiligne et se cambrait sous les assauts fougueux de son amant, qui, bien plus grand qu’elle et très robuste, l’entourait de ses bras protecteurs. Zara fut presque soufflée par tant de sensualité et le jeu des ombres provoqué par le soleil et l’obscurité de la ruelle était tout bonnement magnifique. Sans un bruit, elle prit son appareil et photographia la scène. Elle était certaine de tenir là une des plus belles photos de sa « carrière ». D’un pas guilleret, elle retourna vers l’école, tout en songeant aux prochaines séances photos avec Enzo qui s’annonçaient sous les meilleures auspices

Si elle avait su…

(saleté de dom juan tiens)

(*chaleur*)

Instinctivement, Beth sentit qu'il était l'heure pour elle d'accélérer le pas et d'aller bien vite s'enfermer à double tour dans sa petite chambre. Avec la carrure qu'avait Enzo, elle ne serait pas étonné s'il lui annonçait qu'il avait fait du catch. Ayant le soleil dans le dos, et l'heure était déjà bien avancée, elle voyant devant elle son ombre tenter d'aller plus vite que ses pas, alors que celle, imposante, d'Enzo commençait à la rattraper. Gardant la tête baissée devant l'évidence, elle dut la redresser ou elle serait rentrée directement dans le torse du jeune homme qui s'était dressé devant elle, l'empêchait d'aller plus loin. Alors que la vie de la jeune femme défila à toute allure devant ses yeux mortifiés, Enzo emprisonna ses mains et l'entraîna à l'abri des regards, pour... Beth n'osait imaginer pour quoi...

Contre toutes attentes - quoiqu'on ait fini par comprendre leur système de fonctionnement, Enzo se pencha vers la jeune femme encore toute crispée pour l'embrasser tendrement. Elle n'avait même pas fait attention aux excuses qu'il venait de lui glisser à l'oreille, leur donnant un tout autre sens, bien éloigné du premier. Ayant ses mains de nouveau libre, elle les déposa sur le torse du jeune italien, le caressant tout en descendant vers sa taille, puis les glissa ensuite sous son tee-shirt et fit le chemin inverse. Pendant que le visage du jeune homme était niché dans son cou, elle passait doucement le bout de ses doigts sur la joue qu'elle avait violemment giflée, lui murmurant de la pardonner, et qu'elle espérait ne pas lui avoir fait trop mal.

Mais ils ne pensait déjà plus à ça. Instinctivement, Beth écarta les jambes lorsque les mains d'Enzo vinrent se glisser sous sa jupe qu'il remonta, maintenant le tissu par son bassin qui s'était plaqué contre celui de la jeune femme. Elle resserra ses bras autour de lui, l'attirant encore plus contre elle alors qu'il s'affairait à déboucler sa ceinture. Ils se connaissaient parfaitement, et tout en eux semblait avoir été fait pour correspondre à l'autre. Chaque relief, chaque creux et chaque contour de leur corps avait son empreinte de sorte qu'ils se fondaient l'un dans l'autre à merveille.

A merveilles...

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